Hommage à Carlos Saura

Carlos Saura (1932-2023) est l’un des cinéastes espagnols les plus célébrés dans le monde et particulièrement en France où il connait son heure de gloire dans les années 1970. Souvent comparé à Buñuel, Bergman, Resnais ou Antonioni, il obtient d’importants prix internationaux, notamment à Cannes en 1960, 1974 et 1976.
Auréolé par d’incessants conflits avec la censure espagnole, le cinéaste est alors considéré comme un symbole vivant de la résistance au franquisme. Dans les années 1960 et 1970, il réalise en effet une série de films qui vont révolutionner le cinéma espagnol, en collaboration étroite avec le producteur Elias Querejeta, le scénariste Rafael Azcona et l’actrice Géraldine Chaplin, sa compagne. Auteur d’une œuvre prolifique et à la longévité exceptionnelle, Carlos Saura a su façonner un cinéma d’une grande inventivité formelle et d’une grande charge critique qui déborde largement le contexte du cinéma espagnol. Partant de l’influence du néoréalisme, le cinéaste aragonais rejoint les préoccupations du cinéma moderne de la Nouvelle Vague avant de revendiquer de plus en plus clairement ses racines culturelles ibériques et le réalisme noir de Goya ou Buñuel.
Ses films des années 1960 et 1970 explorent comme peu d’autres des thèmes comme le monde intérieur de l’enfance, les méandres de la mémoire, les traumatismes de la guerre ou encore la tentation collective de régression. À la mort de Franco, le cinéaste parviendra à se réinventer à de nombreuses reprises, rénovant entre autres complètement le film musical hispanique à travers ses adaptations de Lorca et ses collaborations avec le danseur et chorégraphe Antonio Gadés.